Assainissement au Congo : le contrat opaque entre l’État et la société turque Albayrak soulève des doutes.

Le gouvernement congolais a signé un contrat de 3,25 milliards FCFA avec la société turque Albayrak pour la gestion des déchets à Brazzaville et Pointe-Noire, suscitant de vives critiques. L’accord, jugé opaque et déséquilibré, impose des pénalités de retard élevées à l’État.

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Le 23 avril dernier, le gouvernement congolais a annoncé la signature d’un contrat de délégation de service publicavec la société turque Albayrak, pour la collecte des déchets solides et l’exploitation des services de propreté à Brazzaville et Pointe-Noire. Un accord conclu dans un contexte de crise de l’assainissement dans les grandes villes du pays, après le retrait de la société Averda.

Les discussions finales ont eu lieu le 22 avril à Brazzaville, lors d’une réunion entre le ministre de l’Assainissement urbain, Juste Désiré Mondelé, et les représentants du consortium Albayrak Waste Management et Albayrak Turizm Seyahat Insaat Ticaret A.S. Selon les autorités, les maires de Brazzaville et de Pointe-Noire ont été désignés comme représentants des citoyens dans ce processus.

« Nous avons hâte de commencer. Cela fait 40 ans que nous travaillons dans ce secteur. Partout nous avons un taux de réussite de 90%. Au Congo, nous espérons faire encore mieux », a déclaré le chef de la délégation turque, tout en appelant à la coopération de toutes les parties.

Pourtant, ce contrat suscite de nombreuses inquiétudes, notamment en raison de ses conditions financières jugées excessives et d’un manque de transparence autour de son contenu exact.


Un contrat à 3,25 milliards de francs CFA… avant le début des travaux

L’un des éléments les plus controversés de l’accord est la demande formulée par Albayrak : le versement préalable de 3,25 milliards de francs CFA avant le début des opérations. Cette clause a été acceptée par le ministère de l’Assainissement, malgré une situation budgétaire extrêmement tendue dans le pays.

Pire encore, une clause pénale du contrat prévoit que chaque jour de retard dans le paiement au-delà du 5 du mois engendrera une pénalité de 60 millions de francs CFA par jour. En d’autres termes, dix jours de retard représentent déjà une dette supplémentaire de 600 millions de francs CFA pour le Trésor congolais.


Albayrak sans matériel, dépendante de l’équipement d’Averda

Autre point préoccupant : la société Albayrak ne dispose pas de son propre matériel de collecte au Congo. Elle a posé comme condition de pouvoir utiliser l’équipement laissé par la société précédente, Averda, mais sous réserve de le personnaliser. Ce processus de « personnalisation » n’a pas encore eu lieu, retardant davantage le démarrage des activités.

Dans les faits, aucune collecte de déchets n’est encore en cours, alors que le contrat a été signé il y a plusieurs semaines. Cette inactivité contraste fortement avec les sommes que l’état congolais verse de 400 millions de francs CFA par mois à la mairie de Pointe-Noire, et 800 millions à celle de Brazzaville, dans le cadre du même service.


Une décision qui pose la question de la souveraineté économique

Ce contrat interroge : pourquoi continuer à externaliser des services publics essentiels à des entreprises étrangères, alors même que le pays dispose de ressources humaines et techniques locales capables d’être mobilisées ? La gestion des déchets pourrait devenir un levier d’emploi local et de développement durable, si elle était confiée à des entreprises congolaises avec un véritable appui de l’État.

À l’heure où le Congo affronte une dette publique croissante, contracter des engagements coûteux sans garantie de résultats concrets semble aller à contre-courant des intérêts nationaux. D’autant plus que la signature du contrat a été faite sans débat public ni implication réelle de la société civile ou la Diaspora, renforçant la défiance vis-à-vis de l’opacité gouvernementale.

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