Lors d’une récente visite officielle au Burkina Faso, le Premier ministre congolais Anatole Collinet Makosso a commis un impair diplomatique particulièrement embarrassant. Devant les caméras, et après avoir correctement cité « la République du Congo », il a écorché le nom du pays hôte en déclarant « le président du Fasso » au lieu de « président du Burkina Faso ». Une erreur de langage qui, dans un contexte hautement symbolique de coopération internationale, révèle non seulement un manque de rigueur, mais surtout une désinvolture qui jette le discrédit sur la diplomatie congolaise.
Mais cette faute linguistique n’était qu’un avant-goût d’un moment encore plus troublant : la comparaison maladroite du président Ibrahim Traoré à Denis Sassou Nguesso. Une analogie hasardeuse et malvenue. Là où le capitaine burkinabè a été accueilli avec ferveur par une population mobilisée, sans violence, dans une dynamique populaire de rupture avec l’ordre ancien, Sassou Nguesso, lui, s’est imposé dans un contexte marqué par la répression et les bains de sang. Mettre ces deux réalités sur le même plan, c’est faire insulte à l’histoire et à la souveraineté des peuples africains.
Un pouvoir congolais en quête désespérée de légitimité internationale
Derrière cette visite, une manœuvre plus politique se dessine : le lobbying fébrile de Brazzaville pour faire élire Firmin Edouard Matoko à la direction générale de l’UNESCO. Un candidat que le gouvernement congolais tente d’imposer à l’aide de visites diplomatiques tous azimuts. Mais la stratégie s’effrite déjà : la république du Congo avait voté contre son voisin proche la République Démocratique du Congo (RDC) lors d’un scrutin au Conseil de Sécurité de l’ONU, ce qui n’a pas empêché cette dernière d’être élue membre non permanent. Une victoire éclatante pour Kinshasa, qui en ressort renforcée, tandis que Brazzaville s’enfonce dans l’isolement diplomatique.
La question se pose désormais : le pouvoir de Brazzaville, affaibli et décrédibilisé, ira-t-il mendier le soutien de son voisin direct, la RDC ? Rien n’est moins sûr. Surtout lorsque l’on connaît les tensions larvées entre les deux pays et le rôle trouble que joue Denis Sassou Nguesso dans la région, notamment par son soutien à Paul Kagame, président du Rwanda, régulièrement accusé de crimes et de pillages en territoire congolais (RDC) depuis plus de trois décennies.
Une diplomatie en ruine et des alliés en décomposition
Autre revers majeur : les deux piliers militaires sur lesquels comptait le pouvoir congolais le Rwanda et l’Angola se retrouvent eux-mêmes affaiblis. Kigali est de plus en plus isolé à l’échelle internationale, tandis que Luanda fait face à ses propres tensions internes et régionales. Cette double perte stratégique oblige Brazzaville à se réorienter précipitamment vers d’autres pays, notamment les pays désormais rangés dans le « camp anti-français ».
Mais l’équation devient encore plus complexe avec la montée en puissance des États-Unis en Afrique centrale et le rapprochement stratégique entre Washington et Kinshasa. Une éventuelle insurrection citoyenne au Congo-Brazzaville ne serait plus gérable par les seuls alliés historiques du régime. L’Amérique, plus proche que jamais, pourrait intervenir directement ou par influence dans une région où la France n’a plus la main.
Conclusion : une fin de règne qui s’accélère
En définitive, les ambitions du président Denis Sassou Nguesso de briguer un énième mandat apparaissent de plus en plus irréalistes. Le peuple congolais est à bout. Il ne veut plus souffrir. Il ne veut plus voir les mêmes visages, les mêmes erreurs, les mêmes tragédies. L’heure est venue de tourner la page.
L’histoire retiendra que pendant que le monde bougeait, le pouvoir de Brazzaville restait englué dans ses illusions. Mais cette fois, même la façade diplomatique s’écroule. Et la rue pourrait bien précéder l’histoire.





