Le cardinal italien Angelo Becciu, condamné pour fraude financière au Vatican, a annoncé mardi qu’il renonçait à participer au conclave prévu à partir du 7 mai, affirmant vouloir « obéir à la volonté du pape François », alors qu’une polémique commençait à enfler dans la presse italienne.
« Ayant à cœur le bien de l’Église, j’ai décidé d’obéir – comme je l’ai toujours fait – à la volonté du pape François de ne pas participer au conclave, tout en continuant à affirmer mon innocence », a déclaré Mgr Becciu, âgé de 76 ans. Ancien proche conseiller du pape, il avait été reconnu coupable en décembre 2023, en première instance, et condamné à cinq ans et demi de prison à l’issue d’un procès historique de deux ans portant sur des investissements controversés du Saint-Siège.
Sur le plateau du RTL Info 19H, Luc Gilson a rappelé que le cardinal Becciu figurait parmi les plus hauts responsables du Vatican, tandis que la spécialiste judiciaire Dominique Demoulin est revenue en détail sur cette affaire qui a éclaboussé les plus hautes sphères de l’Église.
« Il s’agit d’une affaire financière majeure, d’un détournement de 200 millions de dollars appartenant au Saint-Siège, explique Dominique Demoulin. À l’époque numéro 3 du Vatican, le cardinal Becciu aurait fait investir cet argent dans un immeuble de luxe à Londres. Une partie des fonds aurait été détournée au profit d’une de ses collaboratrices, qui les aurait utilisés pour des achats personnels. » Alerté, le pape François avait immédiatement réagi en relevant Becciu de ses fonctions, ouvrant la voie à une enquête judiciaire.
Ce procès, qualifié d’« historique » par les autorités vaticanes, s’est conclu par une lourde peine de prison. Le cardinal a toutefois fait appel et demeure en attente d’un nouveau jugement. Dans l’intervalle, il aurait pu légalement participer à l’élection du futur pape, mais a choisi d’y renoncer, sans doute pour éviter d’exacerber la controverse.
En 2020, alors que les premières accusations émergeaient, Becciu avait même intenté une action en justice contre un journal italien, réclamant 10 millions d’euros de dommages pour avoir – selon lui – compromis ses chances de devenir un jour pape.
Luc Gilson a interrogé Dominique Demoulin sur le fonctionnement de la justice vaticane : « Existe-t-il un système judiciaire propre au Vatican ? »
« Oui, répond-elle. Le Vatican dispose d’un tribunal de première instance, d’une cour d’appel et d’une cour de cassation, comme dans les systèmes judiciaires classiques. Mais toutes ces juridictions sont directement sous l’autorité du pape. Depuis quelques années, François a entrepris de moderniser ces structures, renforçant l’indépendance et l’impartialité des juges afin de se conformer aux normes internationales. Toutefois, deux systèmes juridiques cohabitent : le droit canon, propre à l’Église, et un droit civil inspiré du droit italien. Cette cohabitation peut parfois créer des tensions, notamment dans les affaires de violences sexuelles, où l’Église privilégie souvent la dénonciation à l’autorité ecclésiastique plutôt qu’à la justice civile. Le secret de la confession, quant à lui, reste toujours absolu. »
Condamné, le cardinal Angelo Becciu renonce au conclave : retour sur une fraude de 200 millions de dollars.
Condamné pour fraude financière, le cardinal Angelo Becciu renonce à participer au conclave sur demande du pape François. Il reste convaincu de son innocence malgré une peine de cinq ans et demi de prison liée à une affaire de 200 millions de dollars.
