Une collaboration déséquilibrée au détriment des Congolais ?
Lors de la conférence, le Premier ministre du Sénégal a annoncé l’installation prochaine d’entreprises sénégalaises au Congo-Brazzaville pour y exploiter et transformer le bois local. Le bois ainsi valorisé serait ensuite acheminé au Sénégal, dans le but d’alimenter un futur hub de distribution destiné à l’Afrique de l’Ouest. Cette initiative, bien pensée pour l’économie sénégalaise, met en lumière la vision stratégique d’un dirigeant soucieux de créer de la valeur ajoutée pour son pays.
Mais cette annonce soulève une question dérangeante : qu’en est-il des intérêts du Congo dans cette coopération ?
Le Premier ministre sénégalais agit dans l’intérêt de sa nation, et on ne peut lui en tenir rigueur. En revanche, du côté congolais, cette opération semble une répétition des schémas du passé : le pays continue de fournir les matières premières sans bénéficier de la transformation industrielle sur son sol. Le gouvernement congolais, et en particulier le ministre Anatole Collinet Makosso, doit s’interroger sur la réelle plus-value d’un tel partenariat pour la population congolaise.
Pourquoi le Congo ne développerait-il pas ses propres entreprises de transformation ?
Est-il incapable de créer une filière bois intégrée, génératrice d’emplois, de valeur et de souveraineté économique ? Ce type d’accord donne l’image d’un État résigné, manquant de vision stratégique, de patriotisme économique, et de volonté de faire émerger une industrie nationale forte.
Le vice caché de ce modèle :
Le Congo semble se détourner des partenaires traditionnels – lassés par l’absence de résultats – pour se rapprocher d’autres États africains, parfois au prix de brader ses ressources. Une posture qui, si elle n’est pas redressée, risque d’entraîner une perte durable de souveraineté économique.

Nous aimons profondément notre pays, la République du Congo. Nos critiques ne visent pas à démolir, mais à faire évoluer les choses. Chaque Congolais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, mérite de vivre dignement des richesses de cette terre bénie. Il est temps de penser, produire et prospérer pour nous-mêmes, et non pour le seul bénéfice des autres.