Au Congo-Brazzaville, la récente opération de la DGSP contre les présumés kulunas ou « bébés noirs » soulève de graves inquiétudes. Ce que l’on observe aujourd’hui, ce ne sont plus des interpellations légales, mais des exécutions sommaires menées au nom de la sécurité publique. Alors, une question s’impose : quelle différence existe-t-il encore entre un agent de l’État et un délinquant, lorsqu’ils commettent tous deux des actes illégaux ?
L’un est censé protéger, servir et agir dans le cadre de la loi.
L’autre, hors-la-loi, viole les règles, tue et détruit.
Mais dans le Congo d’aujourd’hui, cette frontière disparaît. En imitant les méthodes des criminels, l’État devient lui-même criminel, bafouant les principes fondamentaux du droit et la dignité humaine.
La loi, non la terreur
Aucun ordre illégal ne saurait protéger celui qui l’exécute, ni le président qui le donne.
Un État de droit repose sur des institutions justes et sur une justice impartiale, non sur la peur et la violence.
Lorsqu’un gouvernement choisit la répression au lieu du jugement, il ne rétablit pas l’ordre : il détruit la confiance du peuple et légitime la barbarie.
Tout individu accusé d’un crime reste présumé innocent jusqu’à ce qu’un tribunal compétent prouve sa culpabilité.
Ce principe n’est pas une faiblesse, mais une protection universelle contre les abus de pouvoir. En l’ignorant, on ouvre la voie à l’arbitraire et à la vengeance politique.
Une leçon venue de la RDC
La République Démocratique du Congo, pourtant en guerre et confrontée à la criminalité, a su donner une leçon de justice.
Souvenons-nous : la femme accusée d’un braquage à la Rawbank à Kinshasa avait été humiliée et déshabillée par des policiers.
Mais ces mêmes policiers ont été arrêtés, jugés et condamnés.
Voilà la différence entre un État de droit et un État de brutalité :
l’un sanctionne l’abus, l’autre le couvre et s’en sert comme outil de peur.
Le silence coupable
Au Congo-Brazzaville, les autorités tentent de camoufler les exactions en intimidant les médias, en muselant la société civile et en manipulant l’opinion publique.
Mais la vérité circule, les images existent, et aucun mensonge ne peut éternellement couvrir le sang des innocents.
Les intellectuels, les juristes, les religieux et tous ceux qui se taisent deviennent complices de cette dérive.
Le silence d’un peuple face à l’injustice finit toujours par se transformer en servitude.
Conclusion
Un gouvernement fort ne se mesure pas à la brutalité de ses forces de sécurité, mais à la solidité de sa justice.
Un président visionnaire protège la loi, même contre ses propres agents.
Mais au Congo-Brazzaville, après 42 ans de règne, la justice est à genoux et la peur a remplacé le droit.
Et tant que le peuple applaudira la violence au nom de la sécurité, il deviendra lui-même la prochaine victime de son silence.







