Encore un projet pharaonique qui n’a de « centre d’excellence » que le nom. Inauguré en grande pompe le 23 avril 2023 à Oyo, fief du président Denis Sassou-Nguesso, le Centre d’excellence sur les énergies renouvelables se présente comme une vitrine du développement durable. En réalité, il s’agit d’un nouveau gouffre financier pour la République du Congo. Construit pour 24 millions d’euros (plus de 15 milliards de francs CFA), dont une contribution nationale de près de 4 milliards, ce centre incarne davantage la démesure présidentielle que l’intérêt scientifique ou technologique.
Alors que le pays croule sous les dettes, manque cruellement d’infrastructures de base dans la santé et l’éducation, et où les chercheurs congolais travaillent dans des conditions précaires à Brazzaville, ce complexe luxueux, isolé dans une ville sans écosystème universitaire, est un non-sens stratégique. Pire encore, les bénéficiaires directs semblent absents, les activités de recherche quasi inexistantes, et les résultats concrets pour le pays restent à démontrer. Le bâtiment, bien qu’imposant, ressemble déjà à une coquille vide, un décor destiné à flatter l’ego présidentiel et à faire bonne figure devant les partenaires internationaux.
Ce n’est pas la première fois qu’un projet aussi coûteux, lancé à Oyo – loin de toute planification rationnelle – finit comme un éléphant blanc. On est en droit de se demander si cette accumulation de dépenses ostentatoires dans une seule localité n’est pas simplement un détournement déguisé de ressources publiques. Dans un pays où la pauvreté et l’inégalité explosent, ces initiatives aux allures de propagande ne peuvent plus masquer l’échec d’un régime dont la priorité n’est manifestement pas le bien-être collectif.




