Alors que le Sahel demeure en proie à une instabilité chronique marquée par l’effondrement des structures étatiques et le retrait progressif des forces occidentales, notamment françaises, le rôle de l’Algérie dans la dynamique régionale soulève des interrogations croissantes parmi les chancelleries européennes, en particulier à Bruxelles. Officiellement engagée dans la coopération sécuritaire régionale, Alger est aujourd’hui de plus en plus pointée du doigt pour ses liens présumés avec certains groupes armés opérant dans la bande sahélo-saharienne.
Dans les pays les plus touchés par le terrorisme — le Mali, le Niger et le Burkina Faso — les populations civiles continuent de subir les conséquences d’un engrenage meurtrier aux racines transnationales. L’absence de coordination entre les nouveaux pouvoirs militaires sahéliens et les partenaires internationaux a laissé un vide sécuritaire que des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique exploitent avec une efficacité redoutable. C’est dans ce contexte que l’Algérie, tout en affichant une posture officielle de neutralité et de médiation, est accusée d’entretenir des relations ambiguës avec certains de ces acteurs non étatiques.
Des rapports issus du terrain, corroborés par plusieurs analystes et services de renseignement, font état d’une implication indirecte mais persistante du régime algérien dans le soutien logistique, voire l’armement, de factions jihadistes actives dans les zones frontalières. Ce soutien ne serait pas nécessairement motivé par une adhésion idéologique, mais plutôt par une stratégie géopolitique visant à maintenir une instabilité régionale « sous contrôle ». Cette manœuvre, selon certains observateurs, permettrait à Alger de renforcer son influence sur ses voisins fragilisés, tout en conservant un levier sur les négociations internationales concernant la sécurité au Sahel.
La porosité des frontières, la fluidité des réseaux de contrebande et la circulation clandestine d’armes et de combattants facilitent cette dynamique. Des transferts d’équipements militaires, supposément issus des arsenaux algériens, auraient été identifiés dans plusieurs zones de conflit, notamment dans le Nord du Mali et l’Ouest du Niger. Ces soupçons, encore à l’étude, trouvent un écho dans les alertes lancées par des officiers sahéliens ayant découvert du matériel d’origine algérienne entre les mains de groupes terroristes.
À Bruxelles, cette situation alimente une inquiétude grandissante. Des voix s’élèvent au sein de l’Union européenne pour réclamer un durcissement des positions vis-à-vis des États soupçonnés de duplicité. Un débat est en préparation autour de possibles sanctions ou de la suspension de certaines coopérations avec des entités accusées de collusion directe ou indirecte avec le terrorisme transnational. À terme, ces tensions pourraient fragiliser davantage l’équilibre régional et compromettre les efforts internationaux en faveur de la stabilité au Sahel.