Brazzaville, 11 août 2025 Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a présenté, devant l’Assemblée nationale puis le Sénat, les grandes lignes du Cadre budgétaire à moyen terme (CBMT) 2026-2028.
Un exercice qui, sur le papier, devrait éclairer la trajectoire économique du pays pour les trois prochaines années. En réalité, il s’agit surtout d’un plan qui prévoit davantage de dépenses publiques, alors même que la population congolaise subit déjà une pression économique sans précédent.
Le CBMT promet d’augmenter les investissements dans les secteurs stratégiques énergie, agriculture, économie numérique, infrastructures tout en accroissant les dépenses sociales. Mais cette orientation se fera dans un contexte où le Congo reste massivement endetté, avec un stock de dette publique estimé à plus de 8 398 milliards de FCFA en 2026, soit près de 90 % du PIB.
Les chiffres avancés par le gouvernement se veulent rassurants : une croissance du PIB de 3,1 % par an, une inflation maîtrisée autour de 3 %, et un léger recul de l’endettement. Mais derrière ces projections optimistes, le besoin de financement reste colossal, obligeant l’État à multiplier les emprunts et à s’appuyer sur des partenaires financiers extérieurs.
Plus inquiétant encore, alors que les recettes fiscales devraient croître à un rythme moyen de 3,9 %, les dépenses courantes (personnel, biens et services, charges de la dette) continuent d’augmenter. Les investissements publics, eux, montrent des signes de faiblesse, alors qu’ils devraient être le moteur principal du développement.
Cette orientation budgétaire soulève une question essentielle : comment un pays peut-il “restaurer ses marges de manœuvre” en augmentant ses dépenses, alors que sa population ploie déjà sous le poids de la vie chère, du chômage et de la pauvreté ?
Les objectifs affichés soutien aux couches vulnérables, modernisation des infrastructures, diversification économique sont louables. Mais sans une réelle maîtrise des finances publiques et une lutte ferme contre les dépenses improductives, ce plan pourrait bien n’être qu’une belle vitrine pour masquer une réalité amère : celle d’un peuple qui finance, malgré lui, des promesses qui tardent à se concrétiser.







