Alors que le compte à rebours des élections présidentielles de 2026 n’a pas encore débuté, Denis Sassou-N’Guesso semble déjà en campagne. Son dernier déplacement, accompagné du Premier ministre et de plusieurs personnalités gouvernementales, illustre cette volonté de marquer les esprits. Une première dans l’histoire politique du pays : un président qui choisit de visiter des plantations de maïs avec toute une délégation de haut rang. Ce geste, en apparence anodin, suscite de nombreuses interrogations sur la stratégie politique du chef de l’État et sur l’état actuel de son entourage.
Un entourage paralysé ou un message politique fort ?

L’image d’un président accompagné de son Premier ministre pour un déplacement agricole interpelle. S’agit-il d’un simple symbole de l’importance accordée au secteur agricole ou d’un signe révélateur d’un entourage figé, manquant de créativité et de vision politique ? Après plus de 43 ans au pouvoir, le régime semble accuser le poids des années, au point d’oublier les règles de base du protocole. La colonne vertébrale de l’État est-elle tétanisée, incapable de proposer une alternative ou une véritable politique d’innovation pour le pays ?
Des pressions géopolitiques grandissantes

La visite présidentielle intervient également dans un contexte géopolitique tendu. La présence accrue des États-Unis dans la région, notamment en République démocratique du Congo (RDC), pourrait redistribuer les cartes et fragiliser certains équilibres, notamment les relations entre Brazzaville et Kigali. Un rapprochement avec le Rwanda pourrait désormais exposer le régime congolais au regard critique de Washington, à une époque où les tensions en Afrique centrale sont scrutées de près par les grandes puissances.
La France face à un dilemme historique
Un autre acteur clé dans l’équation politique congolaise est la France. Jusqu’ici principal soutien du régime de Sassou-N’Guesso, Paris commence à reconsidérer l’avenir du président congolais. Une alternance au sommet du pouvoir à Brazzaville pourrait mettre en lumière le rôle historique de la France dans le maintien du régime en place et susciter un rejet similaire à celui observé dans d’autres pays africains ces dernières années. La crainte pour Paris est d’être tenue responsable de la souffrance du peuple congolais et de perdre, à terme, son influence stratégique dans la région.
Une élection sous haute tension
Dans ce contexte, l’élection présidentielle de 2026 s’annonce comme un tournant majeur pour le Congo-Brazzaville. Entre pressions internationales, enjeux économiques et contestation croissante, Denis Sassou-N’Guesso devra manœuvrer avec prudence. Son insistance sur le secteur agricole pourrait être une tentative de détourner l’attention des véritables problèmes économiques et politiques qui gangrènent le pays. Reste à voir si cette stratégie suffira à convaincre une population de plus en plus impatiente de changement.