Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, n’a pas mâché ses mots en dénonçant le retour discret de l’ancien président Joseph Kabila à Goma via le territoire rwandais. Pour le célèbre gynécologue congolais, ce déplacement n’a rien d’anodin : il symbolise une collusion tacite avec Kigali, principal soutien présumé des rebelles du M23.
« Il n’a pas condamné Paul Kagame, même après la résolution 2773 des Nations Unies qui exige le retrait inconditionnel du Rwanda du Congo », a déclaré Mukwege dans une interview incisive accordée à France 24.
Un silence qui en dit long
L’absence de toute critique de la part de Kabila à l’égard du régime rwandais alimente les soupçons. Selon Mukwege, ce silence n’est pas une omission mais un choix politique lourd de conséquences.
« Il est entré par le Rwanda. Cela suffit à révéler l’ambiguïté de ses intentions », affirme-t-il, évoquant un geste symbolique fort, qui dans le contexte actuel, s’apparente à une trahison silencieuse.
Dans une région meurtrie par les violences du M23 – un groupe accusé d’être soutenu militairement et logistiquement par Kigali – le choix de passer par le Rwanda est un acte politiquement chargé, que Mukwege qualifie de « déjà vu » : un schéma répétitif de compromissions, de stratégies obscures et d’abandons successifs de la souveraineté nationale.
Un appel à la vigilance
Alors que les rebelles sèment encore la terreur dans l’est de la RDC, Mukwege appelle les Congolais à la lucidité. Il met en garde contre le retour en politique de figures compromises qui, au lieu de défendre l’intégrité du pays, préfèrent le silence complice.
« Quiconque reste silencieux pendant que le Rwanda viole notre souveraineté n’est pas un ami du Congo », déclare-t-il, réaffirmant son engagement inébranlable en faveur de la justice et de la dignité nationale.
Tandis que Joseph Kabila avance en silence depuis un territoire perçu comme ennemi, Mukwege, lui, élève la voix – celle d’un homme intègre, fidèle à son peuple, refusant de laisser la mémoire collective s’effacer devant le théâtre politique.