Congo-Brazzaville : Douanes corrompues, diaspora humiliée et multinationales exonérées
La gestion des douanes en République du Congo est devenue l’un des symboles les plus flagrants du dysfonctionnement de l’État. Alors que les citoyens de la diaspora congolaise tentent d’aider leurs familles restées au pays en envoyant des colis, ils se heurtent à un système opaque, corrompu et humiliant. Les douaniers, souvent peu formés et motivés davantage par les dessous-de-table que par l’intérêt public, multiplient les contrôles abusifs, les taxes arbitraires et les pratiques d’intimidation. Résultat : envoyer un simple colis est devenu un véritable parcours du combattant.
Mais cette sévérité est à géométrie variable. Car pendant que les familles congolaises subissent fouilles excessives et rackets, de nombreux commerçants étrangers notamment libanais, sénégalais, maliens, ou encore des multinationales implantées localement échappent, eux, à tout contrôle sérieux. Certaines grandes entreprises bénéficient d’exemptions douanières suspectes, ou d’un « laisser-passer » tacite fondé sur la corruption et les connexions politiques. Le deux poids, deux mesures est évident, et il alimente une colère grandissante au sein de la population et de la diaspora.
Pendant ce temps, le gouvernement d’Anatole Collinet Makosso semble silencieux, voire complice. Plutôt que de s’attaquer aux vrais problèmes de gouvernance, ses membres s’adonnent à des voyages de prestige coûteux, participent à des forums internationaux où l’image du pays est écornée, et ferment les yeux sur un système douanier devenu mafieux. Comment les hôtes étrangers perçoivent-ils la présence des représentants d’un État gangrené par la corruption ? Les vidéos en ligne et les témoignages d’exilés suffisent à dévoiler une triste réalité : la corruption est devenue une norme, un mode de gestion quotidienne du pouvoir.
Le président Denis Sassou-Nguesso, en place depuis des décennies, semble avoir perdu le contrôle de son propre gouvernement. Le pays est dirigé par des clans qui se partagent les richesses nationales, pendant que la majorité du peuple croupit dans la misère. La présidence laisse faire, observant en silence les luttes intestines et les pillages, tant que son propre cercle reste préservé.
Il est temps de remettre à plat le système douanier, de rendre des comptes, de rétablir l’équité entre les citoyens et les opérateurs économiques, et de protéger la dignité des Congolais, qu’ils vivent à Brazzaville ou à l’étranger. Le peuple congolais mérite un État au service de tous, pas une douane au service de quelques-uns.








