Face au blocage en RDC, Kagame regarde vers le Congo-Brazzaville

Le Rwanda, fragilisé diplomatiquement après sa rupture avec la RDC, envoie Parfait Busabizwa à Brazzaville pour renforcer ses liens avec Denis Sassou-Nguesso. Cette démarche illustre une tentative stratégique de Kigali pour préserver ses derniers alliés dans la région.

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BRAZZAVILLE – Diplomatie régionale : Ce jeudi 5 juin, Parfait Busabizwa a officiellement présenté ses lettres de créance au président de la République du Congo, Denis Sassou-N’Guesso, lors d’une cérémonie au Palais du Peuple. Mais qui est ce diplomate ? Ancien maire adjoint de la ville de Kigali, chargé des finances et du développement économique en 2016, Parfait Busabizwa est une figure montante de la diplomatie rwandaise, désormais missionné dans une conjoncture géopolitique complexe.

Suite à l’isolement diplomatique croissant du Rwanda sur la scène africaine, en particulier après sa confrontation avec la République démocratique du Congo (RDC), le président Paul Kagame cherche à redéfinir ses alliances régionales. Le Congo-Brazzaville apparaît alors comme l’un des rares soutiens encore accessibles. Le choix de Parfait Busabizwa comme ambassadeur à Brazzaville n’est donc pas anodin : il s’agit d’un geste stratégique destiné à raffermir les liens avec un allié essentiel.

Depuis plusieurs décennies, le Rwanda est accusé d’exploiter illégalement les ressources minières de la RDC. Mais ce pillage est aujourd’hui fortement entravé par l’accord historique signé entre Kinshasa et Washington, un « deal du siècle » qui vise à mettre fin à l’exploitation clandestine des minerais stratégiques congolais. Face à cette nouvelle donne, Kigali cherche à repositionner ses intérêts, notamment en lorgnant vers les richesses du sous-sol congolais, côté Brazzaville. Le Rwanda pourrait ainsi tenter de convaincre les États-Unis de s’appuyer aussi sur ses relations avec le Congo-Brazzaville pour sécuriser d’autres gisements miniers.

Cependant, cette tentative d’élargissement d’influence se heurte à une réalité politique plus large : de nombreux chefs d’État africains, installés au pouvoir depuis plusieurs décennies, peinent à comprendre les profondes mutations géostratégiques en cours. Les États-Unis redéfinissent leur présence en Afrique centrale, cherchant à contrôler directement les chaînes d’approvisionnement en ressources critiques, sans intermédiaires. À ce titre, Washington semble privilégier des gouvernements engagés dans des réformes de transparence, à l’instar de celui de Félix Tshisekedi en RDC.

Dans ce contexte, la mission de Parfait Busabizwa s’annonce délicate : maintenir la proximité entre Kigali et Brazzaville tout en adaptant l’agenda diplomatique rwandais aux nouvelles règles du jeu imposées par les grandes puissances.

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