Finances publiques : entre attentes et désillusions.

Christian Yoka, loin du "cost killer" attendu, peine à redresser des finances publiques en faillite, minées par la corruption et l’amateurisme. Le Congo s’enfonce, tandis que son ministre semble otage de son propre entourage.

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Nommé en janvier 2025 à la tête du ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille public, Christian Yoka était attendu comme le « cost killer » capable de remettre de l’ordre dans les finances publiques congolaises. Mais près d’un an plus tard, force est de constater que les résultats sont loin d’être à la hauteur des espoirs.

Un ministre des Finances, surtout dans un pays lourdement endetté et en crise structurelle, devrait être ce gestionnaire avisé qui traque les gaspillages, optimise la collecte des recettes et veille à la qualité des dépenses. Or, le Congo traverse aujourd’hui une période critique, marquée par des retards de paiement, des difficultés de trésorerie et une crédibilité financière en chute libre.

Un ministère vulnérable et décrédibilisé

Symbole de ce dysfonctionnement, le certificat d’intégrité du site officiel du ministère des Finances a récemment expiré, exposant des données sensibles à des risques majeurs de cybersécurité. Pire encore, le projet de Numéro d’Identification Unique (NIU), censé moderniser la fiscalité et élargir l’assiette des contribuables, se solde par un quasi-échec. Selon certaines sources, on envisagerait même de réactiver l’ancienne version du NIU pour éviter un blocage total du système fiscal.

Ce fiasco illustre l’inefficacité de la Direction des Systèmes d’Information (DSI) et renforce l’image d’un ministère où la modernisation reste une promesse non tenue.

Un ministre sous influence ?

Beaucoup d’observateurs estiment que Christian Yoka n’est pas réellement maître de son ministère. « Il ressemble à un orphelin devenu otage d’un clan manipulateur », confie une source proche du dossier. Ses nominations semblent souvent dictées par ses collaborateurs, sans véritable enquête sur la moralité des personnes promues. Cette déconnexion avec les réalités locales pourrait s’expliquer par son long parcours académique et professionnel à l’étranger, loin des arcanes du système congolais.

Une prouesse fragile : payer les fonctionnaires

Pour ses soutiens, Christian Yoka réalise tout de même une prouesse : parvenir à payer, partiellement et mensuellement, les fonctionnaires et retraités, malgré une trésorerie exsangue. Le besoin mensuel dépasse 110 milliards de FCFA, dont 92 milliards pour les salaires et 13,7 milliards pour les pensions. Mais cette prouesse est fragile.

En mai dernier, le recours à la société d’intermédiation financière Archer a été nécessaire pour combler un déficit via le marché des titres publics de la BEAC. Sur 100 milliards de FCFA sollicités, seule une partie a pu être levée. Résultat : la signature du Congo se dégrade encore davantage, rendant chaque mois plus difficile le paiement des salaires.

Des temps difficiles à Brazzaville

Ministres, députés et sénateurs ne perçoivent plus leurs émoluments depuis quatre mois. Les fonctionnaires payés directement au Trésor accusent deux mois d’arriérés. Le pays vit une crise financière sans précédent, et Christian Yoka peine à s’imposer comme ce « baroudeur imaginatif » dont le Congo aurait besoin à l’approche de la présidentielle de 2026.

À ce stade, il apparaît davantage comme un technocrate fragilisé par son entourage, plutôt que comme l’expert rigoureux et audacieux que la population et les marchés attendaient.

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