Un ministre accusé de détournements, toujours en poste, continue de faire la leçon à la nation sur la « vision » des infrastructures durables. Une insulte à l’intelligence des Congolais.
Du 26 au 28 juin 2025, Brazzaville accueille la 5ᵉ édition de la Rencontre des Entrepreneurs Francophones (REF). Parmi les figures mises en avant, Jean-Jacques Bouya, Ministre d’État en charge des Grands Travaux, prendra la parole pour exposer la vision du Congo en matière d’infrastructures intégrées. Une intervention qui scandalise une partie de l’opinion publique, tant ce nom est associé non pas au progrès, mais à la gabegie, aux chantiers fantômes et à une gouvernance entachée de détournements massifs.
Un ministre au lourd passif
Ministre depuis plus d’une décennie, Jean-Jacques Bouya est régulièrement accusé d’avoir détourné des milliards de francs CFA destinés à la construction d’infrastructures publiques. Routes non achevées, écoles jamais sorties de terre, hôpitaux dans un état délabré… L’héritage du ministre ressemble à un champ de ruines, malgré des budgets colossaux injectés dans le secteur. Dans un pays où l’état des routes secondaires est catastrophique et où les ponts s’écroulent parfois à peine inaugurés, voir Jean-Jacques Bouya donner des leçons de développement durable relève de la provocation.
Un Président complice du silence
Mais ce qui choque encore plus les Congolais, c’est l’impunité flagrante. Malgré les nombreuses affaires de corruption qui le visent, Jean-Jacques Bouya bénéficie toujours de la confiance du président Denis Sassou-Nguesso, qui non seulement le maintient à son poste, mais l’autorise à représenter le pays lors de forums internationaux comme la REF 2025. Cette situation illustre le climat d’impunité généralisée qui mine l’État congolais et bloque tout espoir de véritable réforme.
Une vision déconnectée des réalités
À la REF 2025, Bouya viendra exposer une soi-disant vision de « francophonie économique intégrée » et d’« infrastructures structurantes ». Pourtant, les populations de l’intérieur du pays vivent dans un enclavement total. Les écoles rurales manquent de toits, les centres de santé tombent en ruine, et l’eau potable reste un luxe. Ces réalités contredisent chaque mot du discours que Bouya s’apprête à prononcer.
À quand la reddition des comptes ?
Le contraste entre les discours policés des forums internationaux et la dure réalité quotidienne des Congolais est insupportable. Les citoyens attendent des réponses concrètes : où sont passés les milliards ? Qui rendra des comptes ? Pourquoi les responsables de ces échecs restent-ils au pouvoir ? Tant que Jean-Jacques Bouya continuera à être la vitrine du Congo en matière d’infrastructures, le pays s’enfoncera dans le déni.





