L’aéroport à 2 milliards de dollars du Rwanda : un piège de la dette maquillé en projet de développement.

Le Rwanda projette de construire un nouvel aéroport international à 2 milliards de dollars, suscitant l’inquiétude du FMI face à l’augmentation rapide de la dette publique. Ce projet ambitieux pourrait compromettre la stabilité économique du pays.

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Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment tiré la sonnette d’alarme concernant le méga-projet de l’aéroport international de Bugesera au Rwanda, évalué à 2 milliards de dollars. Bien que présenté par Kigali comme un levier stratégique pour faire du pays un hub régional du transport aérien, le FMI souligne les risques majeurs que ce projet fait peser sur la stabilité budgétaire du pays.

Situé au sud de la capitale, Kigali, l’aéroport de Bugesera est censé remplacer l’actuel aéroport international de Kigali. À terme, il devrait accueillir 8 millions de passagers par an, avec une capacité d’expansion pouvant atteindre 14 millions. Le projet est soutenu par Qatar Airways, qui détient 60 % des parts de l’aéroport ainsi que 49 % de la compagnie nationale RwandAir. Malgré ces partenariats prestigieux, le FMI s’inquiète de l’endettement croissant du Rwanda.

En effet, la dette publique du pays est passée de 40 % du PIB en 2019 à 60 % en 2022, principalement en raison de financements contractés pour des projets d’infrastructure et pour soutenir l’économie après la pandémie de Covid-19. Le coût colossal de l’aéroport pourrait aggraver cette situation, poussant la dette publique à des niveaux jugés insoutenables, surtout dans un contexte mondial marqué par une inflation persistante et un durcissement des conditions financières.

Les agences de notation, telles que Moody’s et Fitch, ont d’ailleurs révisé à la baisse la perspective de la note souveraine du Rwanda, la faisant passer de « stable » à « négative ». Parmi les facteurs de cette dégradation figure également l’instabilité croissante liée au conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo. Fitch prévoit ainsi que le ratio dette/PIB du Rwanda atteindra 80 % d’ici fin 2025, et certains experts estiment qu’il pourrait être encore plus élevé, notamment en raison des sanctions internationales et des réductions d’aides consécutives au soutien présumé de Kigali aux rebelles du M23.

Dans ses recommandations, le FMI invite les autorités rwandaises à évaluer plus rigoureusement les implications financières à long terme du projet. Il encourage la recherche de sources de financement alternatives, un effort crédible de consolidation budgétaire, une mobilisation accrue des recettes domestiques et une re-priorisation prudente des projets d’investissement, afin de contenir les vulnérabilités liées à la dette.

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