Le projet Zanaga Iron Ore, levier de transformation pour le secteur minier du Congo Brazzaville.

Le projet Zanaga Iron Ore dynamise le secteur minier congolais grâce à un investissement stratégique de 21,5 millions de dollars. Il vise à surmonter les défis énergétiques et logistiques pour développer une filière industrielle compétitive.

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Le développement du gisement de minerai de fer de Zanaga constitue une étape déterminante pour l’essor du secteur minier en République du Congo. Depuis le 3 mars 2025, ce projet stratégique, autrefois détenu en partie par Glencore, est devenu une filiale à 100 % de Zanaga Iron Ore Company (ZIOC), après une levée de fonds de 21,5 millions de dollars. Sur ce montant, 15 millions ont permis le rachat des parts de Glencore, tandis que le solde de 6,1 millions servira à accélérer la transition du projet vers la phase de construction. Développé par la société MPD Congo, ce projet s’inscrit dans une dynamique de relance industrielle et minière du pays. À cette occasion, Florent Lager, administrateur adjoint de MPD Congo et président de la Fédération minière du Congo, a accordé une interview à Energy Capital & Power pour faire le point sur l’évolution du secteur et ses défis.
Le secteur minier congolais, dynamisé par la réforme du code minier en 2005, connaît une montée en puissance, bien que freiné par des contraintes structurelles majeures, notamment en matière d’infrastructures, d’accès à l’énergie et de logistique. Actuellement, le pays dispose d’une capacité électrique installée de 600 MW, jugée insuffisante pour accompagner les projets d’envergure, tels que Zanaga ou encore Mayoko. Le manque d’un port minéralier, les litiges juridiques liés aux permis (soumis à l’arbitrage de la CCI), l’état vétuste du réseau ferroviaire ainsi que l’isolement des sites miniers freinent le plein développement du secteur. Pour y remédier, MPD projette la construction d’un pipeline reliant le gisement situé dans le département de la Lékoumou à un nouveau port minier au nord de Pointe-Noire, offrant ainsi une solution logistique moderne et adaptée.
En parallèle, d’autres projets structurants contribuent à la diversification de l’offre minière : l’exploitation du phosphate par COMINCO dans le Kouilou, la potasse par Lulian des Mines, avec un début de production prévu pour 2025-2026, ou encore l’accord signé en novembre 2024 entre Kore Potash et Power China pour accélérer la mise en œuvre de leurs activités. À ce jour, la seule mine industrielle en activité est celle de SOREMI, spécialisée dans le cuivre, avec une production annuelle de 10 000 tonnes de cathodes depuis 2017.
Sur le plan environnemental, le secteur fait face à des enjeux croissants. Si les grandes compagnies respectent généralement les normes environnementales internationales, les exploitations artisanales, souvent situées dans des zones protégées ou forestières certifiées, posent des problèmes en raison d’un encadrement insuffisant. Le gouvernement, en collaboration avec la Fédération minière, multiplie les initiatives pour renforcer le dialogue public-privé, améliorer la transparence, simplifier les procédures administratives et créer un climat d’investissement plus stable. Toutefois, les nouvelles réglementations régionales, comme celle du contrôle des changes imposée par la CEMAC, suscitent l’inquiétude des opérateurs et freinent les investissements.
L’énergie est au cœur des préoccupations du secteur. La première phase du projet MPD nécessite environ 130 MW d’électricité (dont 103 MW pour la mine), tandis que la seconde phase en requiert 300 MW supplémentaires. Pour faire face à ces besoins, un partenariat a été signé en février 2025 entre ZIOC, MPD et la Centrale Électrique du Congo (CEC) pour la construction d’une turbine à gaz de 150 MW, en parallèle de projets de lignes de transmission haute tension. Bien que non contraignant à ce stade, cet accord constitue une avancée vers la sécurisation énergétique du secteur.
L’hydroélectricité représente une opportunité à long terme, avec des projets comme Sounda ou Mourala, encore en phase d’étude ou de mobilisation des financements. Des sites tels que Mpoukou sur la rivière Louéssé, identifiés par MPD et CMEC, présentent également un fort potentiel, mais nécessitent des engagements clairs de l’État pour passer à la phase opérationnelle.
Enfin, le gaz naturel, abondant mais sous-exploité, pourrait devenir un pilier de la transition énergétique au Congo. Toutefois, son développement est freiné par l’absence d’un cadre réglementaire adapté, d’infrastructures de transport, et d’une vision industrielle intégrée. La réalisation d’un gazoduc, bien qu’envisagée, dépend encore de partenariats solides et de plans d’investissement clairs. Dans ce contexte, il devient impératif que les pouvoirs publics, les bailleurs de fonds et les entreprises privées unissent leurs efforts pour faire du secteur minier un levier de développement durable et inclusif, au service de l’économie congolaise et des générations futures.

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