La reprise annoncée des bus STPU à Pointe-Noire aurait pu être une bonne nouvelle pour les habitants fatigués de marcher sous le soleil et la pluie. Mais comme toujours au Congo, derrière chaque annonce officielle se cache une farce administrative, un bricolage sans vision, et un détournement organisé. Les dirigeants congolais viennent de relancer des bus rafistolés, réparés à la hâte avec des pièces récupérées sur des carcasses de véhicules abandonnés dans les garages. Voilà la grande innovation du pouvoir : prendre à gauche pour mettre à droite, dans un cycle absurde qui traduit l’incapacité totale à planifier, entretenir et faire durer.
La question est simple : quand ces bus tomberont à nouveau en panne car ils tomberont en panne que fera-t-on ? Ceux du passé sont toujours immobilisés, faute de pièces, de moyens et surtout de compétence. Rien n’a changé, sinon la peinture et les discours mensongers.
Dans un pays normal, on élabore une politique de transport durable, avec un plan de maintenance, une stratégie commerciale et un modèle économique viable. Au Congo, on improvise, on ment, et on vole. Le seul domaine où l’intelligence congolaise semble exceller, c’est celui du détournement de fonds publics.
Ces bus, censés faciliter la mobilité, sont en réalité des cercueils roulants, un danger pour les citoyens et un symbole vivant de la faillite de l’État. Aucun contrôle technique sérieux, aucun budget de maintenance, aucun suivi. Les dirigeants ont juste besoin de quelques images à diffuser à la télévision pour donner l’illusion d’une reprise. Et qu’en est-il des chauffeurs ? Ont-ils au moins un plan de paiement durable, un statut clair, un avenir assuré ? Non. Comme toujours, on les utilise quelques mois, puis on les abandonne, sans salaire, sans garantie, sans respect.
Le Congo continue d’avancer à reculons. L’argent public disparaît, les infrastructures s’effondrent, et les responsables se félicitent d’avoir « relancé » un service déjà mort. On ne gère plus, on bricole. On ne gouverne plus, on pille.
Tant que cette mentalité de prédation et d’improvisation persistera, le pays ne connaîtra ni développement ni dignité. Le peuple congolais mérite mieux que des bus recyclés et des dirigeants corrompus : il mérite un véritable État.














