Une nouvelle mesure vient d’être mise en place à l’aéroport international Maya-Maya de Brazzaville (et à celui de Pointe-Noire) : les agents de la police des frontières porteront désormais des uniformes dotés de numéros d’identification visibles. Cette initiative, saluée comme une étape vers plus de transparence, vise à faciliter la dénonciation des comportements déviants et à renforcer la lutte contre les antivaleurs dans les services publics.
Le colonel-major Gabin Ngoyela, commandant de la sécurité publique, a rappelé lors de la cérémonie d’attribution de ces nouveaux uniformes, la volonté du Commandement des forces de police d’instaurer une politique de « tolérance zéro » envers les abus. Il a aussi encouragé les dénonciations citoyennes, que ce soit via la hiérarchie policière ou directement auprès de l’inspection générale de la police et de la gendarmerie. À titre d’exemple, quatre agents ont récemment été sanctionnés et exclus de l’aéroport suite à la plainte d’un passager et à l’ouverture d’une enquête interne.
Cependant, cette mesure, bien que louable, reste largement insuffisante face à l’ampleur des dérives et du sentiment d’impunité qui gangrène certains services aux frontières. Car le véritable changement ne viendra que si ces numéros ne sont pas de simples symboles, mais les éléments d’un dispositif robuste, transparent et systématique.
Une proposition pour aller plus loin
Il serait pertinent d’accompagner cette initiative par :
- Une documentation claire et distribuée aux passagers dès leur arrivée ou départ, sous forme de brochure explicative, détaillant les droits des voyageurs, les sanctions encourues en cas de comportement abusif d’un agent, et les canaux de signalement disponibles.
- La reconnaissance officielle de preuves numériques, comme des vidéos filmées avec un téléphone, des audios ou des photos, qui doivent être recevables comme éléments déclencheurs d’enquêtes immédiates.
- La création d’une cellule de justice sur place, composée de deux à trois magistrats affectés directement à l’aéroport pour évaluer les préjudices en temps réel. Cette cellule pourrait décider d’interpellations immédiates ou de convocations judiciaires rapides.
Car changer les mentalités nécessite plus que des numéros sur un gilet. Il faut un signal fort, visible et immédiat, que chaque abus sera puni de manière concrète. Sans cela, l’opinion publique continuera de considérer ces mesures comme de simples effets d’annonce.
