Parmi ces nations, la présence du Congo-Brazzaville dans cette coalition hostile à son voisin immédiat soulève de nombreuses interrogations, voire de l’indignation. Comment un pays qui partage avec la République démocratique du Congo une frontière fluviale unique – séparés seulement par le fleuve Congo et dont les deux capitales, Brazzaville et Kinshasa, sont les plus proches du monde -peut-il voter contre son voisin, avec lequel il partage une histoire, des familles, des langues et des traditions communes ?

Pour comprendre cette posture, il faut remonter aux choix stratégiques controversés du gouvernement congolais, notamment son rapprochement avec le Rwanda. Ce partenariat s’est matérialisé par des accords militaires et même par la cession de terres à Kigali, sans véritable consultation de la population. Ces décisions ont déclenché un tollé à Brazzaville, où des voix se sont élevées pour dénoncer ces liens jugés dangereux et contraires aux intérêts nationaux. L’opposition, bien qu’affaiblie, a tenté d’alerter l’opinion, et une partie de la population a clairement exprimé son refus d’un tel alignement.


Même le Gabon de Brice Clotaire Oligui Nguema, pourtant engagé dans une transition politique délicate, n’a pas voté contre la RDC. Que cherche donc à démontrer le président Denis Sassou-Nguesso à son voisin de Kinshasa ? Cette attitude soulève des interrogations sur les intentions réelles de Brazzaville, qui semble plus enclin à ménager des alliances tactiques douteuses qu’à préserver une fraternité historique.
Si des désaccords ont pu exister entre les peuples congolais des deux rives, cela ne justifie en rien une telle trahison diplomatique. Le Congo-Brazzaville n’a ni affinité culturelle, ni véritable intérêt stratégique à s’aligner sur Kigali, dont la politique régionale est souvent perçue comme agressive et expansionniste. Ce vote à l’ONU est la preuve d’un manque de vision globale de la part du gouvernement congolais, qui semble ignorer les dynamiques géopolitiques régionales au profit de choix isolés et à courte vue.
En revanche, la RDC, de son côté, bénéficie aujourd’hui d’un soutien international croissant, notamment en raison des réformes qu’elle mène dans les domaines de la justice, de la lutte contre la corruption et de la gouvernance. Plusieurs personnalités de l’État ont été traduites en justice, certaines même condamnées, preuve d’une volonté de rupture avec l’impunité. Ce contraste flagrant entre les deux pays met en lumière la nécessité pour Brazzaville de repenser sa politique étrangère et de retrouver une diplomatie cohérente, alignée avec les aspirations de son peuple et les enjeux du continent.
