Radio Congo : un héritage fragilisé par des conditions de travail indignes
À l’occasion du 65e anniversaire de la Radio nationale congolaise, Alain Akouala Atipault, ancien ministre et président de la Commission nationale d’auto-évaluation du MAEP, a profité de son passage au journal parlé du dimanche 25 mai 2025 pour dresser un constat alarmant : « Les conditions de travail à Radio Congo ne sont pas à la hauteur de son histoire. »



Fondée le 25 mai 1960, Radio Congo-Brazzaville est pourtant un pilier de la mémoire collective du pays. Elle a accompagné les grands tournants politiques, culturels et sociaux du Congo, en diffusant l’information mais aussi la culture, la musique, la voix des peuples et des artistes. Pourtant, derrière cette vitrine historique, les conditions dans lesquelles les journalistes et techniciens travaillent aujourd’hui relèvent d’une véritable précarité.
Un quotidien fait de négligences et de souffrances silencieuses
Manque d’entretien des locaux, absence de ventilation, chaleur suffocante, toilettes insalubres, ascenseur en panne depuis des années… Le personnel de Radio Congo est confronté à une série de négligences qui affectent à la fois leur santé, leur motivation et leur dignité. Certains journalistes, par manque d’hygiène, renoncent à utiliser les sanitaires, provoquant des troubles médicaux et psychologiques. Le personnel féminin est particulièrement touché.
La situation est d’autant plus préoccupante que les journalistes ne disposent même pas d’un car de reportage, équipement essentiel à toute radio moderne. De surcroît, l’absence de connexion Internet empêche tout développement numérique. Ironie du sort, alors que le thème de cette année est justement : « Radio-Congo à l’heure du numérique », les journalistes eux-mêmes sont privés d’outils numériques de base.
Un patrimoine culturel et professionnel en péril
Radio Congo a pourtant joué un rôle fondamental dans l’éclosion des talents artistiques et culturels du pays. Combien de légendes comme Franklin Boukaka, Pamelo Moun’Ka, Kosmos Moutouari, Youlou Mabiala, ou encore Roga Roga, n’auraient jamais été connues sans les ondes nationales ? La radio est un compagnon fidèle, un média populaire, intime et puissant. Elle mérite donc mieux.


Il est temps d’agir : modernisation, respect et vision d’avenir
À l’heure où le monde médiatique est en pleine mutation, il est urgent que Radio Congo bénéficie d’un plan de rénovation sérieux. Les autorités doivent enfin prendre conscience que la qualité du contenu passe aussi par des conditions de travail décentes.
Car si Radio Congo est encore debout après 65 ans, c’est grâce à la résilience de ses hommes et femmes. Il serait temps qu’on leur rende la pareille.


