Une coquille vide bardée de chiffres : chronique d’un rapport inutile.
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Le Rapport Annuel de Gestion de la Dette Publique 2024/2025 aurait pu être un outil de transparence et de pilotage stratégique. Malheureusement, ce document, bien que lourd de graphiques et de tableaux, n’est rien d’autre qu’un amas technocratique au service d’une opacité organisée. Sous ses dehors pompeux, il manque cruellement de rigueur analytique, de clarté dans les objectifs politiques, et surtout, d’honnêteté intellectuelle.
1. Une introduction d’un conformisme creux
Le texte s’ouvre avec une autosatisfaction gênante : la CCA se félicite de son propre décret (n°2024-213), comme si une réforme administrative suffisait à masquer les gouffres béants de la dette. On lit de beaux mots sur la « soutenabilité » et la « viabilité » sans qu’aucune stratégie sérieuse ne soit exposée pour les atteindre. C’est du vent administratif, rédigé dans une langue aseptisée pour mieux noyer le poisson.
2. Zéro analyse critique, zéro transparence réelle
On aurait attendu une analyse critique des engagements passés, des erreurs de pilotage, ou même une évaluation du surendettement structurel du Congo. Que nenni ! Le rapport évite soigneusement de pointer du doigt les responsabilités politiques et économiques, préférant aligner des chiffres bruts, sans aucun recul ni contextualisation sérieuse. À quoi bon publier un rapport si c’est pour éviter les vraies questions ?
3. Une overdose de tableaux pour masquer l’absence de contenu
Avec 12 tableaux et 12 graphiques, le rapport semble se vouloir pédagogique. Mais il s’agit surtout d’un écran de fumée. L’information y est souvent redondante, parfois contradictoire, et surtout non exploitée. Aucune corrélation sérieuse n’est faite entre les montants de la dette et les impacts macroéconomiques ou sociaux. Le rapport aurait pu être résumé en deux pages PowerPoint.
4. Une lecture kafkaïenne pour le citoyen ordinaire
En dépit des prétentions à la « redevabilité », ce rapport est inaccessible pour le grand public. Le jargon financier s’y accumule sans pédagogie, et les définitions sont absentes ou floues. Le lecteur non initié ne comprendra ni la logique des mécanismes de refinancement, ni les risques de change, ni les conséquences budgétaires. Et c’est bien le but : éviter que quiconque ne comprenne réellement l’étendue du désastre.
5. Un silence assourdissant sur les créanciers douteux
Qui sont réellement les prêteurs ? Quelles sont les conditions des engagements ? Aucune mention claire des noms des créanciers majeurs ni des taux effectifs appliqués. L’opacité règne. Or, l’identification des partenaires (Chine, banques commerciales, fonds spéculatifs, etc.) est essentielle pour comprendre les rapports de force. Le rapport ne les nomme jamais. Un oubli révélateur ou une stratégie de dissimulation ?
6. Aucune perspective d’avenir
Enfin, on reste bouche bée devant l’absence totale de scénarios de redressement ou de projections économiques. Quelles sont les pistes pour réduire la dette ? Le rapport ne le dit pas. Il se contente de faire le constat d’un portefeuille risqué, d’un service de la dette croissant, et… de souhaiter que tout ira bien. C’est tout simplement irresponsable.
Conclusion : un simulacre de transparence
Le Rapport Annuel de la CCA pour 2024 n’est pas un outil de gouvernance. C’est un document purement décoratif, destiné à rassurer les bailleurs de fonds et à faire illusion devant les institutions internationales. Il ne propose ni diagnostic honnête, ni stratégie réaliste, ni analyse politique, ni vision économique. En d’autres termes : une perte de temps à lire, et une gifle au peuple congolais.

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