Lancée en grande pompe en janvier 2023 par le président Félix Tshisekedi, la société DRC Gold Trading SA, anciennement Primera Gold, traverse aujourd’hui une crise majeure dans le Sud-Kivu, une province stratégique pour l’exploitation artisanale de l’or en République démocratique du Congo. Présentée à l’origine comme une solution pour structurer et assainir le commerce aurifère, l’entreprise est désormais à l’arrêt, plombée par l’instabilité sécuritaire et des difficultés logistiques.
Alors que l’objectif initial était de produire 12 tonnes d’or cette année, la société a revu ses ambitions à la baisse. Selon ses dirigeants, elle ne pourra pas récupérer les 10 tonnes attendues, principalement en raison de l’occupation de plusieurs zones minières par la rébellion de l’AFC/M23. La perte de contrôle sur ces territoires empêche non seulement l’exploitation de l’or, mais favorise également l’émergence de circuits parallèles alimentant des marchés clandestins hors du cadre légal de l’État congolais.
Pourtant, sur le terrain, l’exploitation artisanale de l’or ne s’est pas arrêtée. Selon plusieurs sources locales, les activités minières se poursuivent dans les zones occupées, mais les revenus issus de cette extraction échappent complètement aux circuits officiels. La commercialisation de l’or profite désormais à des réseaux informels et, selon des experts, alimente le financement des groupes armés opérant dans la région.
Face à cette situation, les Nations unies avaient prévu d’envoyer une mission d’experts afin d’évaluer l’ampleur du phénomène et identifier les acteurs impliqués dans ce commerce illicite. Cependant, cette mission a été annulée par l’AFC/M23, qui impose un contrôle strict sur les zones sous son influence. Cette décision renforce les inquiétudes quant à l’avenir du secteur aurifère dans le Sud-Kivu et met en lumière les défis persistants liés à la gouvernance des ressources naturelles en RDC.
L’arrêt des activités de DRC Gold Trading SA pose également un problème économique majeur pour la région. L’initiative visait non seulement à structurer le commerce de l’or, mais aussi à générer des revenus pour l’État congolais et à offrir de meilleures conditions aux artisans miniers. Aujourd’hui, avec la paralysie de la société et la montée en puissance des réseaux informels, l’État risque de perdre des ressources précieuses, tandis que les populations locales restent à la merci des conflits et de l’exploitation illégale.