Une réunion historique s’est tenue à Paris réunissant les États-Unis, l’Ukraine et les pays européens pour discuter des pistes menant à une paix durable en Ukraine, alors que les négociations de cessez-le-feu entamées par Washington semblent piétiner. Cette rencontre s’inscrit dans un contexte où l’Europe cherche à jouer un rôle plus affirmé dans le processus de paix, inquiet de se voir écartée des discussions cruciales. « La nouveauté aujourd’hui à Paris, c’est que les États-Unis, l’Ukraine et les Européens se retrouvent autour d’une même table », a déclaré Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, soulignant que ces discussions visent à aboutir à une « paix juste et durable ». Ces échanges ont permis de clarifier les positions des différentes parties et de poser les bases d’une future concertation, prévue la semaine suivante à Londres, pour poursuivre les négociations en vue d’un cessez-le-feu.

Cette réunion a été saluée comme un « excellent échange » par la présidence française, qui a estimé que ces discussions ont permis de converger vers un objectif commun : « une paix solide » entre Kiev et Moscou, plus de trois ans après l’invasion russe de l’Ukraine. La présidence a également précisé que ce cessez-le-feu devra « se baser sur la ligne de contact actuelle », en tenant compte des territoires ukrainiens occupés par la Russie. Parallèlement, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a souligné sur X (anciennement Twitter) que l’objectif de cette rencontre était de définir des solutions concrètes pour « mettre fin au bain de sang inutile » et pour aboutir à une paix durable.
Les discussions ont cependant été marquées par des tensions, notamment en raison des accusations de Kiev à l’encontre de Steve Witkoff, l’émissaire américain présent à Paris. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reproché à Witkoff, proche de l’ex-président Donald Trump, d’adopter une approche trop favorable à la Russie, ce qui a envenimé l’atmosphère des négociations. Witkoff, dont le rôle consiste à faciliter les discussions de paix, est également accusé par Kiev d’adopter les positions du Kremlin, ce qui a alimenté la méfiance à l’égard de ce processus.
La Russie, de son côté, a réagi de manière virulente aux discussions, accusant les Européens de vouloir prolonger la guerre et de perturber les négociations bilatérales entre Moscou et Washington. De plus, Moscou a menacé l’Allemagne, avertissant que l’envoi de missiles de croisière Taurus à l’Ukraine serait perçu comme une « participation directe » à la guerre. La tension entre les grandes puissances s’intensifie alors que la guerre se poursuit sur le terrain, avec des frappes russes qui ont fait dix morts en Ukraine jeudi, illustrant la gravité de la situation.
Dans ce contexte de négociations tendues, Marco Rubio et Steve Witkoff ont rencontré le président français Emmanuel Macron à l’Élysée pour faire le point sur les progrès des discussions de paix. Cette rencontre a permis de réitérer l’importance d’un cessez-le-feu, bien que de nombreuses divergences demeurent sur la manière de parvenir à une solution pacifique. Les discussions ont également impliqué des représentants de l’Ukraine, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, tandis que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a été informé par téléphone des avancées des négociations.
Sur le terrain militaire, l’Ukraine a revendiqué une rare contre-attaque réussie près de Pokrovsk, un point chaud du front dans l’est du pays, où les forces russes ont longtemps détenu l’initiative. Selon le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, les forces ukrainiennes ont réussi à libérer environ 16 kilomètres carrés de territoire, notamment autour des localités d’Oudatchné, Kotlyné et Chevtchenko. Ces avancées sont symboliques, car elles montrent que les forces ukrainiennes, bien que largement en infériorité numérique, parviennent à infliger des revers à l’armée russe dans cette région stratégique.

Ainsi, bien que les discussions de paix à Paris aient permis des avancées, l’avenir de la guerre et de la paix demeure incertain, les tensions internationales et les réalités militaires du terrain compliquant encore la situation.