En République démocratique du Congo, la tension monte d’un cran entre le pouvoir en place et l’entourage de l’ancien président Joseph Kabila. Le gouvernement congolais a annoncé la suspension avec effet immédiat de toutes les activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique fondée et dirigée par l’ex-chef d’État, sur l’ensemble du territoire national. Cette décision, rendue publique dans un communiqué officiel du ministère de l’Intérieur, intervient dans un contexte d’extrême gravité, marqué par la poursuite de l’agression armée du M23 dans l’Est du pays.
Les autorités reprochent à Joseph Kabila et à son parti un « silence complice » face aux exactions du M23, un mouvement rebelle soutenu par le Rwanda, qui occupe depuis plusieurs mois une large portion des territoires du Nord-Kivu, notamment autour de Goma. Le ministère de l’Intérieur pointe également du doigt ce qu’il qualifie d’« activisme avéré » de l’ancien président dans cette crise sécuritaire, et évoque une possible collusion politique avec les agresseurs.
Au cœur de la polémique, un geste fortement symbolique : le retour de Joseph Kabila par la ville de Goma, une zone partiellement contrôlée par le M23, où sa sécurité aurait été assurée par des éléments hostiles à l’État congolais. Le ministère dénonce un « choix délibéré » et une « attitude ambiguë », estimant que ce comportement jette un doute sérieux sur la loyauté de l’ancien président à l’égard de la nation.


Dans un second communiqué, le ministère de la Justice a annoncé avoir saisi le procureur général près la Cour de cassation afin d’envisager des poursuites judiciaires contre Joseph Kabila, notamment pour sa « participation directe » présumée au soutien du M23. À ce jour, le principal intéressé ainsi que les responsables du PPRD n’ont pas réagi publiquement à ces accusations.
Ces mesures exceptionnelles surviennent alors que le climat politique reste extrêmement tendu à Kinshasa. La semaine dernière, des perquisitions ont été menées par les services de renseignements civils et militaires dans une propriété de la famille Kabila à Kinshasa, à la recherche de documents ou matériels à caractère militaire. Cette opération laisse entrevoir une volonté claire de l’exécutif de durcir le ton face à ceux qu’il considère comme des menaces internes à la stabilité nationale.
Le gouvernement congolais, confronté à une agression militaire soutenue de l’étranger, entend visiblement resserrer les rangs et écarter toute zone grise politique ou sécuritaire, même au prix de décisions spectaculaires. La suspension du PPRD marque ainsi un tournant majeur dans le rapport de force entre l’actuelle présidence et son prédécesseur, accusé à demi-mot de pactiser avec l’ennemi.