Le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemetti, a publiquement admis le 30 mars 2025 que ses troupes avaient perdu le contrôle de la capitale soudanaise Khartoum, confirmant ainsi les affirmations de l’armée nationale qui avait déclaré la ville totalement sous son emprise quelques jours plus tôt. Cette reconnaissance marque un tournant dans le conflit opposant l’armée nationale aux FSR depuis avril 2023, mais le général Hemetti assure que cette perte n’est qu’une retraite tactique.

Une défaite admise mais un combat qui continue
Dans un discours adressé à ses troupes et relayé sur les réseaux sociaux, Hemetti a justifié ce recul : « Il est exact que dans les jours précédents, il y a eu un repositionnement des forces à Omdurman [ville jumelle de Khartoum], et cela a été approuvé par la direction et le service des opérations. C’est une décision collective. Je vous confirme que nous sommes effectivement partis de Khartoum, mais nous reviendrons avec une détermination plus forte. »
Malgré la perte de la capitale, Hemetti rejette toute idée de négociation avec l’armée. « Tous ceux qui pensent qu’il y a des négociations ou des accords en cours avec ce mouvement diabolique se trompent. Nous n’avons ni accord, ni discussion avec eux. Seulement le langage des armes. » Cette déclaration confirme la volonté des FSR de poursuivre les hostilités.
L’armée renforce son emprise sur la capitale
De son côté, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée, avait déclaré dès le 29 mars que Khartoum était « libérée » des FSR. Le lendemain, les forces gouvernementales affirmaient avoir pris le contrôle total de la capitale, consolidant ainsi leur position dans le conflit. En réaction, les FSR avaient annoncé qu’il n’y aurait « ni retraite, ni reddition », insistant sur le fait qu’elles n’avaient « perdu aucune bataille, mais seulement repositionné leurs forces ».
Dans son allocution suivant cette victoire militaire, al-Burhane a promis de poursuivre le combat jusqu’à la capitulation totale des paramilitaires. « La guerre ne prendra fin que lorsque les FSR auront déposé les armes. Nous n’accepterons aucune négociation avant cela », a-t-il déclaré.
Un pays fragmenté et une crise humanitaire grandissante
Depuis avril 2023, la guerre au Soudan a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 12 millions de personnes, provoquant une crise humanitaire sans précédent. Malgré la perte de Khartoum, les FSR conservent un contrôle quasi total sur la région du Darfour à l’ouest du pays et sur certaines zones du sud. En revanche, l’armée soudanaise domine le nord et l’est du pays, renforçant l’image d’un Soudan divisé en deux entités ennemies.
La situation actuelle trouve ses racines dans la période de transition politique ayant suivi la chute du président Omar el-Béchir en 2019. Initialement alliés dans leur prise du pouvoir contre les civils, les généraux Burhane et Hemetti se sont rapidement opposés dans une lutte acharnée pour le contrôle du pays. Ce conflit armé, qui dure depuis près de deux ans, a anéanti toute perspective de stabilité politique et de développement pour le Soudan.
Alors que l’armée célèbre sa victoire à Khartoum, la guerre est loin d’être terminée. Les FSR préparent déjà leur contre-offensive, laissant peu d’espoir pour un règlement pacifique à court terme.