À Talangaï, dans le 6ᵉ arrondissement de Brazzaville, l’insécurité s’est profondément enracinée, poussant certains habitants à commettre l’irréparable. Jeudi matin, deux jeunes délinquants présumés, surnommés localement « bébés noirs », ont été lynchés puis tués à la machette par des riverains excédés. Un acte de justice expéditive qui reflète l’état de tension extrême dans ce quartier autrefois paisible.



Malgré les statistiques officielles évoquant une baisse de la criminalité à Brazzaville, le ressenti des habitants de Talangaï, notamment dans les secteurs de Petit Chose et Maman Mboualé, est tout autre. Pour eux, la violence s’est intensifiée, devenant quasi permanente. Les rues, dès la tombée de la nuit, deviennent des coupe-gorges. Femmes, personnes âgées et même enfants sont régulièrement victimes d’agressions. Les scènes de braquage en plein jour ne sont plus rares : vol de téléphones, arrachages de chaînes, coups violents pour dépouiller des passants…
Face à l’impuissance ou l’absence perçue des forces de l’ordre, certains habitants choisissent de ne plus attendre la justice. De plus en plus souvent, des groupes d’autodéfense improvisés prennent la relève, alimentant une spirale de violence. Le phénomène des « barbecues », consistant à brûler vifs des « bébés noirs » attrapés en flagrant délit, s’affiche sans filtre sur les réseaux sociaux, témoignant d’une société en perte de repères juridiques.
Drogue, alcool, rassemblements musicaux nocturnes, pression démographique : les causes de cette insécurité sont multiples. Talangaï semble aujourd’hui pris dans une dérive inquiétante, où chaque automobiliste se sent obligé de garder une machette dans sa voiture, au même titre qu’une roue de secours. Une normalisation inquiétante de la peur.



Les habitants appellent à un renforcement urgent des dispositifs de sécurité, à une présence policière dissuasive, mais aussi à une relance de la justice de proximité. Car tant que les plaintes resteront lettre morte, beaucoup préféreront se faire justice eux-mêmes, au prix d’un glissement brutal vers l’anarchie.