Tidjane Thiam écarté de la présidentielle 2025 par la justice -un séisme politique à six mois du scrutin.

Tidjane Thiam, président du PDCI, a été radié de la liste électorale ivoirienne à six mois de la présidentielle de 2025. La justice estime qu’il n’était plus Ivoirien lors de son inscription, une décision vivement contestée par son parti.

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La justice ivoirienne a tranché : Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et figure montante de l’opposition, a été radié de la liste électorale. Selon le tribunal de première instance du Plateau, à Abidjan, l’ancien patron du Crédit Suisse n’était plus juridiquement Ivoirien lors de son inscription en 2022, ayant perdu sa nationalité en 1987 après avoir acquis la nationalité française. Cette décision, rendue publique ce lundi 22 avril 2025, suscite une onde de choc dans le paysage politique ivoirien, à six mois d’une élection présidentielle prévue le 25 octobre.

Tout est parti d’un contentieux électoral : environ 150 citoyens avaient saisi la Commission électorale indépendante (CEI) pour contester l’éligibilité de Thiam. Après avoir été déboutés en première instance, certains ont saisi la justice, qui leur a finalement donné raison. Le débat s’est cristallisé autour de l’article 48 du Code de nationalité, qui stipule que toute personne ayant acquis une autre nationalité perd automatiquement la nationalité ivoirienne, sauf en cas de double nationalité de naissance. Les avocats de Thiam ont tenté de démontrer qu’il était binational par filiation, sans convaincre les juges.

Dans une vidéo publiée peu après le verdict, Tidjane Thiam a dénoncé une décision « injuste, injustifiée et incompréhensible ». Il rappelle qu’il a renoncé à sa nationalité française en mars 2025, afin de se conformer aux exigences légales de candidature. Pour le PDCI, cette décision n’est rien d’autre qu’un « coup de force judiciaire » visant à éliminer un adversaire redouté.

L’affaire prend une dimension politique majeure dans un contexte déjà tendu. Depuis 2020, plusieurs grandes figures de l’opposition, telles que Laurent Gbagbo, Guillaume Soro ou Charles Blé Goudé, ont été rendues inéligibles. Avec l’éviction de Thiam, le déséquilibre politique s’accentue, laissant le RHDP au pouvoir, mené par le président Alassane Ouattara, sans véritable contrepoids. Ce dernier entretient le suspense autour d’une éventuelle candidature pour un quatrième mandat.

Le coup est dur pour le PDCI. Depuis son arrivée à la tête du parti en décembre 2023, Tidjane Thiam avait insufflé une nouvelle dynamique à cette formation historique fondée par Félix Houphouët-Boigny. En multipliant les tournées, en réorganisant les structures internes et en formant une alliance politique dans le cadre de la coalition CAP-CI, il avait redonné espoir à une base militante en quête de renouveau. Mais l’annonce de sa radiation rebat complètement les cartes.

Officiellement, le parti affirme ne pas avoir de plan B. Cependant, certaines personnalités comme Jean-Louis Billon commencent à faire entendre leurs ambitions. En parallèle, une autre procédure judiciaire est engagée pour contester la légitimité de Thiam à diriger le parti au moment de son élection, toujours en raison de sa nationalité.

Ce feuilleton judiciaire relance un vieux débat : celui de « l’ivoirité ». Trente ans après avoir été utilisé pour écarter Alassane Ouattara du jeu politique, ce concept controversé continue d’empoisonner la démocratie ivoirienne. Il met en lumière des tensions identitaires toujours vives, dans un pays marqué par des décennies de crises sociopolitiques.

Alors que la CEI doit publier la liste électorale définitive le 20 juin, le spectre d’un scrutin sans véritable opposition se précise. Cette perspective inquiète de nombreux observateurs, qui s’interrogent sur l’avenir du pluralisme démocratique en Côte d’Ivoire et sur les risques de tensions accrues à l’approche du scrutin.

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