La récente décision de la France de soutenir la candidature de l’Égyptien, Khaled El-Enany, à la direction générale de l’UNESCO, au détriment de Firmin Edouard Matoko, représentant du Congo-Brazzaville, a fait l’effet d’un choc dans les milieux diplomatiques congolais. Derrière le vernis des discours officiels, cette décision traduit un signal clair : Brazzaville n’est plus un partenaire stratégique crédible aux yeux de Paris.
Pendant longtemps, le CongoBrazzaville a cru ou feint de croire que ses relations historiques, culturelles et linguistiques avec la France suffiraient à lui garantir un soutien inconditionnel dans les cercles internationaux. Mais la géopolitique ne se nourrit pas de nostalgie coloniale. Elle se construit sur les intérêts, la stabilité et la crédibilité. Trois piliers que le régime congolais de Brazzaville peine à incarner.
Alors que l’Égypte apparaît comme un pivot stratégique dans le monde arabe, avec une influence grandissante en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et sur la scène internationale, le Congo-Brazzaville, lui, traîne une image ternie : corruption systémique, violations des droits humains, instabilité chronique, et surtout, une proximité trouble avec le Rwanda, pays accusé d’agressions répétées dans la région des Grands Lacs.
Ce choix français, loin d’être anodin, révèle un désengagement diplomatique vis-à-vis de Brazzaville. Pour Paris, continuer à soutenir un régime perçu à l’international comme autoritaire et isolé serait devenu un risque inutile, surtout face à des intérêts stratégiques bien plus rentables ailleurs, notamment en Égypte et en RDC.
De surcroît, Brazzaville paie aujourd’hui sa rupture d’avec ses voisins naturels. En tournant le dos à la République Démocratique du Congo désormais influente à Washington, Bruxelles et même à l’Union Africaine, le Congo-Brazzaville s’est volontairement isolé dans une stratégie diplomatique hasardeuse. Résultat : il se retrouve sans alliés solides, ni au Sud, ni au Nord.
Ce revers à l’UNESCO est donc bien plus qu’un simple désaccord protocolaire. Il est le symbole d’un pays en perte d’influence, victime de ses propres contradictions, de son manque de vision géopolitique et de sa diplomatie d’un autre temps. Le Congo-Brazzaville ne peut espérer le respect et le soutien international tant qu’il ne redonne pas à sa population la place centrale qu’elle mérite dans les priorités politiques, sociales et économiques.


